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mants et bouillonants, qui montent incessamment. Les appels des syrènes et des bacchantes, deviennent toujours plus hauts et plus impérieux. L’agitation atteint à son comble ; elle ne laisse aucune corde silencieuse ; elle fait résonner chaque fibre de notre être. Les notes vibrantes et pantelantes, tantôt gémissent, tantôt commandent dans une alternative desordonnée, jusqu’à ce que l’immense aspiration de l’infini, le thème religieux, revienne graduellement, s’empare de tous ces sons, de tous ces timbres, les fonde dans une suprême harmonie, et déploie dans toute leur vaste envergure les ailes d’un hymne triomphal !

Cette grande ouverture forme un tout symphonique si complet, qu’on peut la considérer comme un morceau indépendant de l’opéra qu’il précède. Les deux pensées principales qui s’y déroulent, avant de se réunir dans leur immense confluent, expriment leur entière portée, l’une avec furie, l’autre avec un si irrésistible ascendant, qu’elle finit par absorber l’espace, en déployant son invincible envahissement. Ces motifs sont si caractéristiques, qu’ils portent en eux tout le sens affectif exigé des pensées musicales, confiées à la seule instrumentation. Ils peignent si vivement les émotions qu’ils interprètent, que, pour comprendre leur nature, il n’est pas besoin d’un texte explicatif, il est inutile de connaître les paroles qui