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est de nouveau recommencé, de nouveau augmenté, (trois mesures de quatre temps contre une de trois-quatre), et entonné fortissimo, par tous les cuivres et instruments à vent. La péroraison se trouve donc être en rapport symétrique parfait avec l’exorde. Cependant par l’augmentation du thème, dans une projection si gigantesque, que nous n’en possédions encore aucun exemple dans une œuvre analogue, aussi bien que par l’accélération innacoutumée du rhythme de l’accompagnement, la péroraison centuple l’effet de l’exorde, et atteint à cette manifestation imposante des grandeurs d’une pensée et des puissances d’un art, par laquelle les chefs-d’œuvre commandent l’admiration des siècles.

Quoique nous ayons fait remarquer, que l’auteur de Tannhäuser a donné aux passions représentées par le nom de Vénus, un caractère si conforme à ce nom chéri de la belle Grèce, nous répèterons encore qu’il n’y a pas nécessité de connaître l’opéra, les aventures du Chevalier Tannhäuser, et le mythe de Dame Vénus, ainsi bizarrement introduite en plein moyen âge, pour saisir dans cette ouverture le drame musical. Elle n’est point seulement une sorte de vaste prélude, qui prépare l’âme aux émotions du spectacle qui va suivre, avant-propos obligatoire, prologue solennel mais court, qui se borne à fixer l’esprit de l’auditoire, dans la région des sentiments