Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145

partition de l’opéra. Aussi nous sommes assurés, que de nos joufs, il n’y a plus à craindre qu’il s’écoule autant de temps qu’il en a fallu, pour que les Quatuors de Mozart ne fussent plus déchirés par les exécutants comme inexécutables, et que les chefs-d’œuvre de Beethoven ne fussent plus traités d’innovation baroque, avant que cette Ouverture fasse partie du catalogue des pièces que les grandes institutions musicales ne sauraient manquer de reproduire.

Nous croyons voir une confirmation à notre opinion, que Wagner en dépit de ses propres théories, a été plus entraîné à composer une belle œuvre symphonique, que soucieux d’ajuster un prologue à son drame, dans l’infraction faite aux règles de perspective acoustique, — qu’on nous pardonne cette expression, — par le développement si large du motif qui doit être immédiatement repris au lever du rideau. Les lois de la gradation indispensable aux effets scèniques, seraient tout à fait blessées, (car quel rinforzando resterait-il à ajouter au crescendo que le chant des syrènes atteint, bien avant que la représentation ne commence ?), si le spectacle, la danse, et la voix humaine, ne venaient masquer cette difficulté, prêter par leur prestige, leurs secours et leur art, un stimulant à la curiosité, rehausser l’emportement épris et impétueux de l’orchestre, arracher le public au besoin de repos que ressentent surtout les plus émus,