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ne saurait douter que son chevalier-poëte ne sorte vainqueur, afin de l’obtenir pour prix de sa victoire. Un étroit cercle d’or, plus semblable encore à une auréole qu’à un diadème, entoure sa tête blonde ; ses longues tresses retombent sous un voile léger le long des plis du satin blanc, sur lequel des passementeries d’argent découpent le pittoresque corsage des robes de cette époque. Un manteau de velours bleu attaché à ses épaules paraît encadrer dans l’azur du Ciel cette apparition de l’Innocence elle-même.

Si la Déesse, couronnant de roses sa noire chevelure retenue par une résille grecque sur une nuque que penche la volupté, croisant sur ses pieds d’albâtre les bandelettes purpurines de ses sandales, exerçant tous les pouvoirs et déployant tous les charmes renfermés sous ses paupières demi-closes, et dans cette ceinture qui tantôt reluit, tantôt échappe aux yeux, avait pu sembler au Poëte enivré la beauté même, la beauté absolue, inégalée et inégalable, la Psse Élisabeth devait ravir son âme par une beauté suprême et surprenante, qu’on eut dit descendue du haut de l’Empyrée, pour le disputer à celle qui, de l’insondable profondeur des flots amers, était montée au séjour des hommes.

Le duo entre Élisabeth et Tannhäuser au second acte pourrait se comparer pour le sentiment et la