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le morceau final, formant l’Épilogue de la pièce. Transporter ainsi à l’aide de l’impérieux ascendant de l’art, l’esprit d’un public frivole, en dehors des bornes qu’il pose généralement à son imagination, faire naître en lui une joie vraie dans un attristement réel, grâce à l’entraînement de la spiritualité et des plus hautes aspirations de notre être, n’est-ce point une des plus belles victoires dont il ait été donné aux poëtes et aux artistes d’ambitionner la gloire ?..

IV.


Les proportions de cet opéra sont très-heureusement fixées. Il n’est, ni trop court pour le sujet, ni trop long pour le public. Les scènes en sont bien coupées ; quoique largement développées, elles ne lassent point l’esprit par le prolongement inutile des situations. Les détails y sont tous groupés dans l’intérêt de l’effet d’ensemble. Il en résulte une impression harmonieuse, qui ajoute son charme à toutes les beautés. Cette structure judicieuse et sans faute, n’est d’ordinaire l’apanage que des œuvres dont la pensée a engencé et encadré simultanément les diverses parties, les a parachevées sous l’empire de l’inspiration première, et leur a conservé par là cette exacte relation entre elles, qui n’est pas une des