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moindres qualités requises à l’attrait des grandes conceptions. Souvent la justesse de cette relation se perd dans un long travail, car il est difficile que l’artiste ne s’éprenne alors de quelques accessoires, et ne les grandisse au dépens de l’harmonie générale. Aussi qu’elles sont rares, les œuvres dues au premier jet du sentiment poétique, et qui sortent comme des Minerves, toutes armées, du cerveau de leurs auteurs ! On ne les rencontre fréquement, ni dans le catalogue des grandes œuvres en général, ni dans celui des compositions des grands Maîtres en particulier. Pour les produire il faut l’heureux accord de mille circonstances aussi indispensables que rarement réunies, et il en est de leurs créations, comme de l’éclosion du diamant qui se forme dans des conditions qui sont toutes connues à la science, mais si étrangement difficiles à faire concorder, que le hasard nous dispute victorieusement le privilége de dispenser ce luxe souverain, d’obtenir ces dons merveilleux.

Ceux qui se plaisent à juger les partitions du point de vue purement technique, liront attentivement celle de Tannhäuser. Elle est savamment écrite ; le tissu harmonique en est serré, compacte ; les mélodies sont d’un relief saillant ; la division instrumentale est habilement répartie ; les effets pittoresques, les apparitions ménagées de quelques instrumens, n’y sont