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entraînés à un examen plus approfondi des caractères principaux, à une répartition plus motivée de nos admirations, de nos sympathies, de nos blâmes et de nos jugemens. Comme il n’existe aucun intermédiaire entre l’erreur et le malheur de l’homme, les conséquences suivent impérieusement leurs prémisses, et nous assistons profondément émus, à cette carrière parcourue par les passions, alors qu’elles ne se heurtent qu’à des adversaires d’égale nature, d’égale grandeur, qu’elles ne luttent qu’avec des sentimens jaillis des mêmes replis du cœur.

Les personnages accessoires loin d’être dans ce poëme, des rouages perfides, entraînant pour les broyer dans leur engrenage des élémens et des êtres supérieurs ; loin de représenter une complication d’intérêts vulgaires, et de basses haines, se montrent tous au contraire animés de sentimens qui restent élevés, même dans leur excès. Cette disposition du drame, donne à toute sa représentation quelque chose de singulièrement noble. On respire à l’aise en si bonne et si honnête compagnie, où les plus violentes passions et les plus déplorables transgressions, ne procèdent point de viles scélératesses ou de grossiers désirs. Nous n’ignorons pas que peu de sujets comporteraient cette qualité du plan et qu’actuellement il serait peut-être impossible de la demander à une pièce non musicale. Dans l’anti-