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la part des actes nécessités par les temps et les événemens, et pressentir quels étaient ceux que dictait l’impulsion naturelle.

En contemplant la statue de Herder qu’on vient d’inaugurer à Weimar, il est impossible de ne pas apprécier tout le mérite du sculpteur, qui s’efforce de ravir à la mort ce qu’elle a déjà englouti, et de donner d’imposantes proportions aux figures qu’ennoblissaient et embellissaient les hautes qualités de l’âme. Cette statue faite par M. Schaller de Munich, est remarquable par la finesse de sa conception. Elle prouve également la connaissance parfaite, et l’appréciation spirituelle de ce grand homme, tel que ses écrits nous le font entrevoir. La douce sérénité, le front sans rides et sans soucis, le sourire bénignement pacifique, le regard plus intelligent que perçant que nous croyons voir en nous représentant Herder vivant, y sont rendus avec une grande noblesse de maintien, une grande bonté d’expression. Dans sa main droite Herder tient un rouleau, sur lequel est inscrite la devise qu’il avait adoptée : Lumière, Amour, Vie, et que Charles-Auguste fit graver sur sa tombe : inscription moins romanesque et plus inspirée que celle dont Wieland surchargea son monument funèbre[1]. Cette main

  1. Wieland est enterré à Osmanstedt petite terre située à une heure de route de Weimar, et qui lui avait appartenu.