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scène. Mais de quelle poésie de sentiment Wagner ne l’a-t-il pas revêtu ? Eh ! que sont les événemens ? Le cahot des destinées ! Quel insipide divertissement que le simple récit des mésaventures de ce grand voyage, dont la route est aussi raboteuse, aussi semée de fondrières, pour les uns que pour les autres ? Si les événemens inspirent de l’intérêt, c’est par les sentimens et les douleurs qu’ils réveillent dans le cœur humain, et celui qui sait le mieux les depeindre, en est le vrai poëte !

Wolfram von Eschenbach fut un des plus célèbres Minnesänger du XIIe siècle ; l’un de ceux qui se distinguèrent le plus dans les combats de chanteurs, qui eurent lieu au château de la Wartbourg. Il appartint à l’école spiritualiste des chantres de cette époque, et tient une des premières places parmi ceux qui exaltèrent la chasteté et la pureté dans l’amour, les croyances comme les sentimens les plus pieusement poétiques. Les chroniques disent qu’il chanta le poëme du Lohengrin pour la première fois, à la prière du Landgrave de Thuringe, des Dames présentes, et de son ennemi lui-même, le magicien Klingsor, un jour où celui-ci cherchant à le tenter à mal et à le gagner au diable en excitant son envie et son orgueil par une science supérieure à la sienne, lui proposait des problêmes étranges, qu’à sa honte et à sa surprise, Wolfram