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Merveille !… un chevalier arrive couvert d’une armure qui éblouit nos yeux !… c’est un envoyé de Dieu !… » À mesure que la nacelle approche, le chœur grandit, s’élève, monte, monte toujours, et atteint à un éclat d’un effet qu’il est impossible de ne pas ranger parmi les plus saisissans que l’art de la musique ait jamais produits.

Wagner traite ses chœurs avec un soin de composition extrême. La plupart sont écrits à huit parties réelles, et celui-ci, qui est le plus étonnamment conçu et le plus heureusement gradué, se fait en outre remarquer par la vraisemblance pittoresque qui résulte de ces voix partagées. La curieuse suprise des uns, la pieuse et naïve foi de l’ébahissement des autres, la terreur de ceux-ci, le saisissement de tous, s’expriment comme des exclamations individuelles, et le motif étant plein de pompe et de majesté, acquiert dans le crescendo de cet immense développement, une puissance qui donne peut-être à cet instant l’intérêt le plus imminent, et le plus dramatique de toute la pièce. Les plus froids, les plus mal disposés pour ce nouveau genre de musique, se trouveraient entraînés et transportés par cet admirable morceau.

Lorsque la barquette touche à la rive, le motif de l’introduction est indiqué dans deux mesures ; le