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honte, la rage impuissantede Frédéric vaincu, l’étonnement furieux, l’animosité, les malédictions d’Ortrude, dont les gestes et les regards dans un jeu constant et muet avaient dissipé les craintes et les scrupules du comte, et l’avaient décidé à ce combat impie.

Dans la courte introduction instrumentale qui précède le second acte, deux motifs se rencontrent. Celui qui apparaît pour la première fois est une de ces phrases artères qui, adaptée au rôle d’Ortrude circule dans le drame entier[1], et se trouve le plus souvent coupée ou suivie comme dans cette introduction qui la pose en entier, par le motif sur lequel Lohengrin a prononcé l’irrévocable défense. On dirait le venin de la malice humaine, aux prises avec le mystère de la bonté de Dieu.

En face des fenêtres illuminées du palais dans lequel on célèbre les fêtes de la veille des noces d’Elsa, et d’où partent des bouffées d’une musique de festin, sont assis sur les marches de la cathédrale, dans une profonde obscurité, Fréderic et Ortrude, dépouillés de leurs biens, mis au ban de l’empire, misérablement vêtus, prêts à partir pour l’exil. Ortrude accroupie sur les degrés de pierre, appuie son menton sur ses genoux, et ne détache point

  1. Voyez Supplément No. 6.