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soit donc écarté de ton cœur ! » revient avec un développement encore plus passionné qu’au second acte, alors qu’Ortrude et Frédéric complotaient leur vengeance, car les craintes de l’amour ont bien plus encore de déchiremens, d’angoisses, et de tourmens, que toutes les frénésies de l’envie. Les soupçons qu’elle avait semés ont germés et fermentés. Le désespoir gagne la femme fragile. « Que suis-je donc à tes yeux ?… dit-elle avec désolation. Tu ne peux qu’éprouver des regrets à mes côtés... Je devrai compter les jours que tu m’accorderas.… Je les compterai avec terreur… et il en viendra un où tu m’auras quitté.... où je resterai seule et misérable !… »

En vain son amant lui persuade que l’attrait de son amour le retiendra aussi longtemps, que le doute ne l’aura point flétri. De fièvreuses altères la dévorent. Le délire s’empare d’elle. Lohengrin veut le dompter en mêlant la douceur au blâme ;.… il n’y réussit pas. Elle croit entendre un bruit… elle croit voir le cygne, venu pour l’enlever de ses bras, et hors d’elle-même, dans un accès de sombre hallucination, elle brise son serment. « Elsa, qu’oses-tu ? » lui dit le chevalier, tandis que la phrase de la défense se déroule en traits de flammes ; mais elle n’écoute plus les paroles de son bien-aimé ; elle le brave ; elle s’écrie « qu’elle veut savoir, qui il