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d’œuvre, et de rechercher en quoi ceux qu’il contemple, se rapprochent ou se différencient des conceptions pareilles déjà existantes, il doit s’abstenir de toujours attribuer aux intentions du poëte le résultat de ses appréciations, les vrais poëtes n’ayant pour intention que de dérober un rayon du feu sacré, afin d’en animer leurs créations !

Elsa nous attache peut-être plus que toute autre figure de cette famille de belles indiscrètes, par la naïve pureté, l’abandon fervent et humble de son amour. Ce n’est point, Dieu merci, une raisonneuse, une Indépendante, revendiquant les droits de la femme, et qui, en voulant tout connaître et tout juger, abdique nécessairement ce plus beau privilége de claire voyance révélatrice, de prescience instinctive, accordé au Cœur alors seulement qu’au lieu d’en être éclairé, il éclaire l’Intelligence. Elsa ne cherche point à faire valoir en beaux hexamètres, les intérêts de sa dignité. Elle aime avec une adorable simplicité, et ce n’est que la crainte de perdre son époux qui la jette dans le délire, la désobéissance et le parjure. Avant ce moment égaré, elle sentait, elle proclamait l’identité de l’Amour et de la Foi. Chacune de ses paroles respirait cette abnégation amoureuse, qui abîme l’âme dans une absolue confiance et une volontaire obédience, au sein desquelles le Doute ne trouve pas de place. Ceux qui aiment n’ont-ils pas