Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/297

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Comment l’en doit croire les anciens.

Chappitre CXVIIe.



Dont il advenoit que, se ilz veissent à un jeunes homs de lignaige faire chose qui à son honneur ne feust, ilz luy montrassent sa faulte devant touz, et pour ce juennes hommes les craingnoient moult. Dont il avint que j’oy raconter à mon seigneur et père que une foiz il vint à une grant feste où avoit grant foyson de seigneurs et de dames et de damoyselles. Sy arriva comme l’en vouloit aseoir à table, et avoit vestu une cote hardie à la guise d’Alemaigne. Sy vint saluer les dames et les seigneurs, et quant il eust fait ses reverances, cellui Messire Gieffroy le va appeller devant tous et lui demanda où estoit sa vielle ou son instrument, et que il faist de son mestier. « Sire, je ne m’en sauroie mesler. » — « Sire », dit-il, « je ne le pourroye croire ; car vous estes contrefait et vestu comme un ménestrel. Car, en bonne foy, je congnoys bien vos ancesseurs et les preudhommes de la Tour dont vous estes ; mais onques mais je ne vy qui ainsi se contrefist ne vestit telles robes. » Lors il luy repondist : « Sire, puisque ne vous semble bon, il sera amendé. » Sy appella un menestrel et lui donna sa coste et la lui fist vestir, et prist autre robe. Sy revint en la salle, et lors le bon chevalier lui dist : « Vrayement, cestuy-cy ne se forvoye