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VII

Qui me rendra ma vie d’Orient, ma vie libre et en plein air, mes longues promenades sans but, et le tapage de Stamboul ?

Partir le matin de l’Atmeïdan, pour aboutir la nuit à Eyoub ; faire, un chapelet à la main, la tournée des mosquées ; s’arrêter à tous les cafedjis, aux turbés, aux mausolées, aux bains et sur les places ; boire le café de Turquie dans les microscopiques tasses bleues à pied de cuivre ; s’asseoir au soleil, et s’étourdir doucement à la fumée d’un narguilhé ; causer avec les derviches ou les passants ; être soi-même une partie de ce tableau plein de mouvement et de lumière ; être libre, insouciant et inconnu ; et penser qu’au logis la bien-aimée vous attendra le soir.

Quel charmant petit compagnon de route que mon ami Achmet, gai ou rêveur, homme du peuple et poétique à l’excès, riant à tout bout de champ et dévoué jusqu’à la mort !

Le tableau s’assombrit à mesure qu’on s’enfonce dans le vieux Stamboul, qu’on s’approche du saint