Page:Loti - Aziyadé.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dire plus d’espérance. On tombe dans la bravade, on parle cavalièrement de bien des choses dont on rit beaucoup quand on n’en pleure pas.

On n’aime rien, et pourtant on était fait pour tout aimer : on ne croit à rien et on pourrait peut-être encore bien croire à tout ; on était bon à tout et on n’est bon à rien.

Avoir en soi une exubérance de facultés et sentir que l’on avorte, une excroissance de sensibilité, un excédent de sentiments, et ne savoir qu’en faire, c’est atroce ! la vie, dans de telles conditions, est une souffrance de tous les jours : souffrance dont certains plaisirs peuvent vous distraire un instant (votre écuyère de cirque, l’odalisque Aziyadé et autres cocottes turques) ; mais c’est toujours pour retomber de nouveau, et plus contusionné que jamais.

Voilà votre profession de foi expliquée, développée, et considérablement augmentée par le drôle de type qui vous écrit.

La conclusion de ce long galimatias peu intelligible, la voici : je vous porte un très vif intérêt, moins peut-être à cause de ce que vous êtes, que pour ce que je sens que vous pourriez devenir.