Page:Loti - Aziyadé.djvu/199

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Elle connaissait cette Séniha, célèbre dans les harems par ses scandales et son impunité ; elle haïssait cette créature que Béhidjé-hanum chargeait d’anathèmes ; l’idée d’être chassée pour cette femme la comblait d’amertume et de honte.

— C’est absolument décidé, Loti, disait-elle, quand cette Séniha sera venue, ce sera fini et je ne t’aimerai même plus. Mon âme est à toi et je t’appartiens ; tu es libre de faire ta volonté. Mais, Loti, ce sera fini ; j’en mourrai de chagrin peut-être, mais je ne te reverrai jamais.


XLV

Et, au bout d’une heure, à force d’amour, elle avait consenti à ce compromis insensé : elle partait et jurait de revenir — après — quand l’autre s’en serait allée et qu’il me plairait de la faire demander.

Aziyadé partit, les joues empourprées et les yeux secs, et Achmet, qui marchait derrière elle, se retourna pour me dire qu’il ne reviendrait plus. La draperie arabe qui fermait ma chambre retomba