Page:Loti - Aziyadé.djvu/207

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Bak, Lotim, disait-elle en fixant sur moi ses yeux profonds, Katch tané parmak bourada var ?

Et elle montrait sa main, les doigts étendus.

(Regarde, Loti, et dis-moi combien de doigts il y a là ?)

Et je répondis en riant :

— Cinq, Aziyadé.

— Oui, Loti, cinq seulement. Et cependant ils ne sont pas tous semblables. Bou, boundan bir partcha kutchuk. (Celui-ci — le pouce — est un peu plus court que le suivant ; le second, un peu plus court que le troisième, etc. ; enfin, celui-ci, le dernier, est le plus petit de tous.)

Il était en effet très petit, le plus petit doigt d’Aziyadé. Son ongle, très rose à la base, dans la partie qui venait de pousser, était à sa partie supérieure teint tout comme les autres d’une couche de henné, d’un beau rouge orange.

— Eh bien, dit-elle, de même, et à plus forte raison, Loti, les créatures d’Allah, qui sont beaucoup plus nombreuses, ne sont pas toutes semblables ; toutes les femmes ne sont pas les mêmes, ni tous les hommes non plus…