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esclave circassienne, avait conservé cette manière de m’exprimer la soumission et l’amour…

On monte de vieux escaliers sombres, couverts de somptueux tapis de Perse ; le haremlike s’entr’ouvre doucement et des yeux de femmes vous observent, par l’entrebâillement d’une porte incrustée de nacre.

Dans une grande pièce où les tapis sont si épais qu’on croirait marcher sur le dos d’un mouton de Kachemyre, cinq ou six jeunes hommes sont assis, les jambes croisées, dans des attitudes de nonchalance heureuse, et de tranquille rêverie. Un grand vase, de cuivre ciselé, rempli de braise, fait à cet appartement une atmosphère tiède, un tant soit peu lourde qui porte au sommeil. Des bougies sont suspendues par grappes au plafond de chêne sculpté ; elles sont enfermées dans des tulipes d’opale, qui ne laissent filtrer qu’une lumière rose, discrète et voilée.

Les chaises, comme les femmes, sont inconnues dans ces soirées turques. Rien que des divans très bas, couverts de riches soies d’Asie ; des coussins de brocart, de satin et d’or, des plateaux d’argent, où reposent de longs chibouks de jasmin ; de