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sa voix à elle, qui souvent m’en donnait des explications étranges.

Le plus sinistre de tous était le cri des beckdjis, le cri des veilleurs de nuit annonçant l’incendie, le terrible yangun vâr ! si prolongé, si lugubre, répété dans tous les quartiers de Stamboul, au milieu du silence profond.

Et puis, le matin, c’était le chant sonore, l’aubade des coqs, précédant de peu la prière des muezzins, chant triste parce qu’il annonçait le jour, et que, demain, pour revenir, tout serait de nouveau en question, tout, même sa vie !

Une des premières nuits qu’elle passa dans cette case isolée d’Eyoub, un bruit rapproché, dans l’escalier même du vieux logis, nous fit tous deux frémir. Tous deux nous crûmes entendre à notre porte une troupe de djinns, ou des hommes à turban, rampant sur les marches vermoulues, avec des poignards et des yatagans dégainés. Nous avions tout à craindre, quand nous étions réunis, et il nous était permis de trembler.

Mais le bruit s’était renouvelé, plus distinct et moins terrible, si caractéristique même qu’il ne laissait plus d’équivoque :