Page:Loti - Aziyadé.djvu/23

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fatale ; et puis il disparaît par une porte de derrière et traverse toute une ville saugrenue, des bazars d’Orient et des mosquées ; il passe inaperçu dans des foules bariolées, vêtues de ces couleurs éclatantes qu’on affectionne en Turquie ; quelques femmes voilées de blanc se disent seulement sur son passage : « Voici un Albanais qui est bien mis, et ses armes sont belles. »

Plus loin, mon cher William, il serait imprudent de suivre votre ami Loti ; au bout de cette course, il y a l’amour d’une femme turque, laquelle est la femme d’un Turc, – entreprise insensée en tout temps, et qui n’a plus de nom dans les circonstances du jour. – Auprès d’elle, Loti va passer une heure de complète ivresse, au risque de sa tête, de la tête de plusieurs autres, et de toutes sortes de complications diplomatiques.

Vous direz qu’il faut, pour en arriver là, un terrible fond d’égoïsme ; je ne dis pas le contraire ; mais j’en suis venu à penser que tout ce qui me plaît est bon à faire et qu’il faut toujours épicer de son mieux le repas si fade de la vie.

Vous ne vous plaindrez pas de moi, mon cher William : je vous ai écrit longuement. Je ne crois