Page:Loti - Aziyadé.djvu/290

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ciel, un jeune homme qui avait une admirable tête mystique. Le turban blanc des oulémas entourait son beau front large ; son visage était pâle, sa barbe et ses grands yeux étaient noirs comme de l’ébène.

Il montrait en haut un point invisible, il regardait avec extase dans la profondeur du ciel bleu et disait :

— Voilà Dieu ! Regardez tous ! Je vois Allah ! Je vois l’Éternel !

Et nous courûmes, Achmet et moi, comme la foule, auprès de l’ouléma qui voyait Allah.


XXI

Nous ne vîmes rien, hélas ! Nous en aurions eu besoin cependant. Alors, comme toujours, j’aurais donné ma vie pour cette vision divine, ma vie seulement pour un signe du ciel, ma vie pour une simple manifestation du surnaturel.

— Il ment, disait Achmet ; quel est l’homme qui a jamais vu Allah ?

— Ah ! c’est vous, Loti, dit l’ouléma Izzet ; vous