Page:Loti - Aziyadé.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXIV

— Viens, Loti, dit Achmet ; allons encore à Stamboul, fumer notre narguilhé ensemble pour la dernière fois…

Nous traversons en courant Sali-Bazar, Tophané, Galata. Nous voici au pont de Stamboul.

La foule se presse sous un soleil brûlant ; c’est bien le printemps, pour tout de bon, qui arrive comme moi je m’en vais. La grande lumière de midi ruisselle sur tout cet ensemble de murailles, de dômes et de minarets, qui couronnent là-haut Stamboul ; elle s’éparpille sur une foule bariolée, vêtue des couleurs les plus voyantes de l’arc-en-ciel.

Les bateaux arrivent et partent, chargés d’un public pittoresque ; les marchands ambulants hurlent à tue-tête, en bousculant la foule.

Nous connaissons tous ces bateaux qui nous ont transportés à tous les points du Bosphore ; nous connaissons sur le pont de Stamboul toutes les échoppes, tous les passants, même tous les mendiants, la collection complète des estropiés,