Page:Loti - Aziyadé.djvu/36

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âme comme les hommes ; elle pense que, quand tu seras parti, vous ne vous verrez jamais, même après que vous serez morts, et c’est pour cela qu’elle pleure. Maintenant, dit Samuel en riant, elle demande si tu veux te jeter dans la mer avec elle tout de suite ; et vous vous laisserez couler au fond en vous tenant serrés tous les deux… Et moi, ensuite, je ramènerai la barque, et je dirai que je ne vous ai pas vus.

— Moi, dis-je, je le veux bien, pourvu qu’elle ne pleure plus ; partons tout de suite, ce sera fini après.

Aziyadé comprit, elle passa ses bras en tremblant autour de mon cou ; et nous nous penchâmes tous deux sur l’eau.

— Ne faites pas cela, cria Samuel, qui eut peur, en nous retenant tous deux avec une poigne de fer. Vilain baiser que vous vous donneriez là. En se noyant, on se mord et on fait une horrible grimace.

Cela était dit en sabir avec une crudité sauvage que le français ne peut pas traduire.

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Il était l’heure pour Aziyadé de repartir, et, l’instant d’après, elle nous quitta.