Page:Loti - Aziyadé.djvu/46

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contour sombre des montagnes, dont la base était perdue dans l’ombre, dans l’épaisseur de leur propre ombre, reflétée profondément dans l’eau calme. Il était impossible d’apprécier encore aucune distance dans l’obscurité projetée par ces montagnes ; seulement les étoiles pâlissaient.

La fraîcheur humide du matin commençait à tomber sur la mer ; la rosée se déposait en gouttelettes serrées sur les planches de la barque de Samuel ; j’étais vêtu à peine, les épaules seulement couvertes d’une chemise d’Albanais en mousseline légère. Je cherchais ma veste dorée ; elle était restée dans la barque d’Aziyadé. Un froid mortel glissait le long de mes bras, et pénétrait peu à peu toute ma poitrine. Une heure encore avant le moment favorable pour rentrer à bord en évitant la surveillance des hommes de garde ! J’essayai de ramer ; un sommeil irrésistible engourdissait mes bras. Alors je soulevai avec des précautions infinies la couverture qui enveloppait Samuel, pour m’étendre sans l’éveiller à côté de cet ami de hasard.

Et, sans en avoir eu conscience, en moins d’une seconde, nous nous étions endormis tous deux de