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LE MIROIR DES JOURS


Plus vivant, plus précis, plus clair que dans mon âme,
Sur le papier gris fixé,
Apparaît délicat son visage de femme,
Un peu pâle du passé.

Je la reconnaîtrais parmi les autres, certes,
Si je la voyais venir ;
Mais son absence triste et longue déconcerte
Mon cœur et mon souvenir.

Comme un rideau de nuit, le temps amasse l’ombre
Qui s’épaissit peu à peu,
Et voile au fond de nous le feu du regard sombre
Et l’éclair du regard bleu.

Et sans cet ancien portrait qui la révèle,
De vieux parfums embaumé,
Rien ne resterait plus dans ma mémoire d’elle, ―
Rien, sinon d’avoir aimé !