Page:Lozeau - Le Miroir des jours.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
LE MIROIR DES JOURS


Je ne me décidais à rien qui me fût tendre,
Et je craignais d’oser ce que vous désiriez ;
Timide, j’avais l’air de ne jamais comprendre
Les invitations d’amour que vous faisiez.

Oui, je vivais contraint, quand vous me vouliez libre !
Je ne sais quoi de fort toujours me retenait.
Confus, je me sentais lié par chaque fibre,
Comme si mon désir lui-même s’enchaînait !

Je pleurais. J’éprouvais des angoisses profondes.
J’avais peur de vous perdre, ah ! peur affreusement !
Par vous, je haïssais ou j’adorais le monde :
Pour un mot dédaigneux, un sourire clément !

J’étais plein de remords suscités par ma faute,
Mais, enfin, je vivais, heureux ou malheureux !
Dans mon bonheur furtif j’allais la tête haute :
Ce n’était qu’un instant, mais j’avais vu les cieux !