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LE MIROIR DES JOURS

Qui nous change, on dirait, en une autre substance,
Comme si l’on était de l’air ou du silence !
Il semble que l’on ait des ailes ; que le poids
De notre corps se fonde et renaisse à la fois ;
Qu’un bonheur à travers notre âme triste passe,
Qu’on n’ait plus qu’un degré pour atteindre à l’extase !
Ô volupté de vivre, ô charme alanguissant !
― Automne qui nous mets du plaisir dans le sang,
Qui nous berces, pareil à la bonne nourrice,
Jusqu’à ce que notre âme en tes bras s’assoupisse,
Je t’aime d’un amour sensuel et païen !
Et je t’élève, ô dieu, fait de songe ancien,
Un temple au clair autel entouré de balustres,
Où mon cœur balancé brûle comme un grand lustre !