Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/144

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ces averses qui tombent sur la terre : je vais te l’expliquer. Le point que j’emporterai d’abord, le voici : une foule de semences liquides montent avec les nuages de tous les corps ; et ces deux essences, (6, 500) la nue et l’eau que la nue renferme, croissent ensemble, de même que le sang, la sueur, et les autres fluides des membres, partagent les accroissements du corps humain. Les nuages gagnent encore beaucoup d’humidité sur la mer, alors que le vent les y porte comme des flocons de laine suspendus. Tous les fleuves leur envoient également de l’eau. Puis, une fois les semences liquides réunies à milliers de mille façons, et accrues de toutes parts, les nues condensées aspirent à leur chute (6, 510) pour deux motifs : un vent impétueux les opprime, et l’abondance même de ces nuages, dont les cimes entassées se foulent, se pressent, en fait jaillir la pluie.

En outre, dès que le vent amaigrit les nues, ou que, frappées de la chaleur du soleil, elles tombent en ruines, l’eau des pluies s’échappe et ruisselle goutte à goutte, comme une cire qui fond et coule abondamment sous une flamme ardente.

Mais il y a de violentes averses, quand les nues amoncelées cèdent à la double violence de leur poids et du vent qui les heurte.

Les pluies continuent et demeurent longtemps inépuisables, (6, 520) lorsque des milliers de germes fluides, lorsque des monceaux de nuages qui crèvent les uns sur les autres, accourent de tous les points de l’horizon, et que la terre fumante exhale et renvoie partout d’humides vapeurs.

Alors, quand les rayons du soleil brillent opposés à l’averse des nues, les couleurs de l’arc-en-ciel apparaissent au sein de la noire tempête [524].

Quant aux autres choses qui ont leur naissance, qui ont leurs accroissements à part, et à toutes celles qui s’amassent dans les nues, oui, toutes, je le répète, la neige, les vents, la grêle, les durs frimas, (6, 530) ces grandes et fortes gelées qui durcissent les grandes eaux, ces freins, ces empêchements qui arrêtent de toutes parts les fleuves ; ton esprit avide peut aisément découvrir et envisager de quelle façon elles arrivent et quelle cause les engendre, du moment que tu connais bien la vertu des atomes.

Poursuis maintenant, et vois ce qui amène les bouleversements du sol [535]. Avant tout, aie soin de te convaincre que les profondeurs comme le haut de la terre sont remplis de cavernes où le vent habite ; que mille lacs, mille gouffres chargent ses flancs, ainsi que des rocs et des pierres déchirées : (6, 540) crois encore que, sous la face du globe, roulent impétueusement bien des fleuves cachés, qui emportent des roches englouties. La force des choses exige que la terre soit partout la même.

Ce principe fondamental une fois établi, les hautes régions du sol tremblent, alors que de vastes écroulements bouleversent ses entrailles, où la vieillesse abat d’immenses cavernes. Car alors des montagnes entières tombent, et de grandes secousses répandent soudain de longs