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LIVRE CINQUIÈME

De l’orbite étoilée où sa route serpente.
Tel est le sens des plans qui figurent aux yeux.
L’ordre et les mouvements des astres dans les cieux

Ou bien l’air sous la terre est plus dense par place ;
Le soleil vacillant que l’obstacle embarrasse
N’émerge qu’à grand-peine au ciel oriental ;
Et l’hiver, attendant le radieux signal,
Retient sur l’horizon ses longues nuits tardives.
Ou même, est-ce la loi des saisons successives
Qui hâte et ralentit les feux dont le concours
Doit faire au temps marqué surgir l’astre des jours ?

Si l’éclat de la lune est un reflet solaire,
Il faut, pour que son orbe entièrement s’éclaire,
Qu’elle reçoive en plein la clarté qu’elle rend ;
Il faut que, face à face avec l’astre mourant,
Son lever le domine et monte à l’opposite.
Sa lumière croît donc en raison de sa fuite ;
Et plus, de signe en signe à mesure glissant,
740Au-devant du soleil son disque redescend,
Plus sa splendeur se voile et par degrés s’écoule.
Tel est, pour ceux qui font de la lune une boule
Tournant sous le soleil, le jeu des lunaisons ;
Et l’esprit volontiers se range à leurs raisons.

Sa lumière, d’ailleurs, serait-elle immanente,
Qu’on rendrait compte encor de sa marche alternante.
Il suffit qu’on suppose un autre corps jumeau,
Suivant pour l’offusquer le nocturne flambeau,