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MARXISME
contre
DICTATURE




La brochure de Rosa Luxembourg, que nous reproduisons ici, a été publiée aux éditions du Nouveau Prométhée en 1934 et son tirage rapidement épuisé. Il nous était impossible de retrouver les originaux allemands ou russes d’où étaient traduits les articles que nous publions, et nous tenons à remercier l’éditeur W. Epstein, qui a autorisé cette édition, et Lucien Laurat, qui nous permet la reproduction des textes qu’il réunit et préfaça. Nous déférons à son désir en publiant son avant-propos de 1934, qui garde toute sa valeur, et que nous augmentons d’une préface qui souligne l’évolution des hommes et des choses au cours des événements politiques et sociaux qui ont bouleversé le monde dans les dernières années. Sp.

Cette nouvelle édition, douze ans après la première, réclame une nouvelle préface. Les événements que nous avons vécus depuis 1934, date de la première édition, corroborent dans leur ensemble la thèse centrale exposée par Rosa Luxembourg et selon laquelle léninisme et réformisme[1], si opposés qu’ils paraissent l’un à l’autre, ont cette tendance commune à traiter les travailleurs comme de la pâte à pétrir. L’un et l’autre conduisent à la dictature d’un «  chef  » investi d’un pouvoir discrétionnaire et imposant à la masse sa volonté absolue, en un mot à ce qu’on appelle aujourd’hui le totalitarisme. Rosa Luxembourg en a discerné les germes voici plus de quarante ans, et c’est au nom du marxisme qu’elle dénonce ces aberrations si foncièrement contraires à l’esprit socialiste.

  1. À l’heure actuelle, le terme de « réformisme » prête tellement à confusion que nous croyons utile de le définir. Le socialisme scientifique désigne par réformisme le système d’idées défendu à la fin du siècle par le social-démocrate Édouard Bernstein et selon lequel le capitalisme se transformera automatiquement en un régime social et économique nouveau grâce à l’accumulation graduelle et insensible de réformes à la petite semaine. Cette idée implique l’abandon du but socialiste et de ce que nous appelons aujourd’hui « réformes de structure ». Si le mouvement socialiste adoptait les idées de