Page:Luzel - Cinquième rapport sur une mission en Basse-Bretagne, 1873.djvu/47

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demande, reprit le chat, et vous ne le regretterez pas, plus tard. Il promit.

Pendant la dernière visite du chat au château, une fée vint trouver sa mère, et lui parla ainsi : « Lorsque votre fils le chat rentrera, prenez un couteau, éventrez-le, puis, après l’avoir écorché, jetez sa peau dans la mer, et, au lieu d’un chat, vous verrez que vous aurez pour fils un beau prince. »

Le chat arrive ; sa mère l’éventre, l’écorche, jette sa peau dans la mer, et voilà aussitôt un beau prince auprès d’elle, et qui l’appelle sa mère. La fée leur procure alors un beau carrosse, et ils montent dedans et se rendent au château, et le jeune seigneur se trouve heureux d’épouser la mère du chat, qui est devenue aussi une belle princesse, richement parée. Après la noce, ils se rendirent chez la marâtre traîtresse, et la firent brûler, avec son amie la sorcière, dans un grand bûcher.


Ce maître chat rappelle le Chat botté de Perrault. Le conte de Perrault lui-même se retrouve tout entier dans Straparole, nuit XI, fable I, sous ce titre : Soriane meurt et laisse trois enfants : Dussolin, Tésifon et Constantin le fortuné. Ce dernier, par le moyen d’une chatte, acquiert un puissant royaume.

Je possède une seconde version bretonne, avec des variantes curieuses.


LES TROIS SOUHAITS.


Un jeune garçon avait une marâtre qui le maltraitait et l’envoyait tous les jours garder les moutons sur une grande lande, avec une croûte de pain noir et moisi pour toute nourriture. Un jour que l’enfant chantait gaîment, malgré tout, sur le bord d’une petite rivière qui passait au bas de la lande, deux voyageurs inconnus arrivèrent et le prièrent de leur passer l’eau, en les portant sur son dos. Il leur passa l’eau. Il trouva le plus vieux assez léger ; mais le plus jeune lui parut si lourd, qu’il le menaça de le jeter dans la rivière, s’il ne descendait. Il le mit pourtant sur l’autre bord. « Ne t’étonne pas, mon enfant, lui dit alors le voyageur qu’il venait de passer avec tant de peine, si tu m’as trouvé si lourd, car avec moi tu as porté le monde entier sur ton dos ! » Or ces deux voyageurs étaient saint Pierre et Jésus-Christ, qui voyageaient alors en basse Bretagne. Notre-Seigneur, pour reconnaître le service que leur avait rendu le petit pâtre, dit à celui-ci de former trois souhaits, de lui demander trois choses, et il les lui accorderait. L’enfant demanda d’abord une serviette qui lui procurât à manger et à boire à souhait ; puis, un arc avec lequel il atteindrait tout ce qu’il viserait. Il fut embarrassé pour sa troisième demande. Enfin il demanda un violon