Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/19

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des Mille et une nuits, à côté des grands poëmes indiens et persans.

Notre poésie populaire commence à être connue, quoiqu’il y ait encore beaucoup à faire sur ce point ; mais nos anciens contes de veillées, les récits traditionnels de la muse rustique et les superstitions qui ont cours dans nos campagnes, sont encore presque complètement inconnus. Je n’ignore pourtant pas que quelques écrivains bretons, et même d’autres qui ne connaissaient en aucune façon la Bretagne, ont publié des contes et des récits plus ou moins populaires, et qui tous avaient la prétention de reproduire fidèlement les traditions qui se sont perpétuées de génération en génération dans nos chaumières et nos manoirs. Mais malheureusement dans ces compositions, écrites d’aprés des souvenirs vagues, ou purement imaginaires, l’écrivain se substitue presque toujours au narrateur rustique, et son imagination se donne trop libre carrière. Aussi, sauf deux ou trois fois peut-être, dans le Foyer breton de M. Émile Souvestre, le vrai caractère de cette littérature populaire n’a-t-il pas été reproduit, le fond n’a pas été atteint, et c’est pourtant le côté vraiment important de la question.[1] — Il y a donc là une mine encore inexplorée, plus riche et plus intéressante qu’on ne le croit généralement, et dont la science et la critique ne doivent pas négliger plus longtemps de s’enquérir et de s’occuper sérieusement. Il sortira de cette étude, j’en ai la conviction, des

  1. — Je dois toutefois reconnaître que M. L. Du Laurens De La Barre, dans deux recueils intitulés : Veillées de L’Armor et Sous le chaume, — a publié d’intéressants récits, qui ont souvent un vrai parfum de terroir breton. Son Bassin d’Or, entre autres, est un charmant petit conte, et bien dans le caractère de nos récits de veillées. —