Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/34

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Ils sont si amusants et si gentils, que notre père s’en amusera comme nous, et les laissera vivre.

— Je n’en suis pas bien certaine ; mais qu’ils restent, quand même, puisqu’ils vous amusent.

Et voilà les deux jeunes géantes bien heureuses. L’heure du souper venue, on sonna une cloche, et le géant arriva. On avait caché nos deux amis dans un grand bahut ; mais le géant, en entrant dans la salle à manger s’écria aussitôt :

— Je sens l’odeur de chrétien, et je veux le manger !

— Je voudrais bien voir ça, par exemple, répondit sa femme ; manger mes deux neveux qui sont venus me voir, deux garçons si charmants et qui amusent tant nos filles, par leurs talents, et vous amuseront vous-même !

— Faites venir vos neveux, que je les voie, ma femme.

On fit sortir nos deux compagnons du bahut, tremblants et mourants de frayeur.

— Ils sont bien petits, vos neveux, ma femme ! Et que savent-ils faire ?

— Danser et faire de la musique à ravir.

— C’est bien ; mais soupons d’abord, car j’ai grand faim, puis, nous verrons.

Et ils se mirent à table. On servit d’abord de la soupe dans un tonneau défoncé. Puis, on apporta sur un plat, un chrétien rôti. Le géant Goulaffre le découpa, garda pour lui la plus grande part, ensuite la géante partagea ce qu’il en restait entre elle et ses deux filles. Elle donna aussi un pied à chacun des deux étrangers.