Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/42

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rester comme on dit, à chercher cinq pieds au mouton. À l’obscurité qui se fit soudainement, le géant sortit, pour en connaître la cause. Il vit Allanic qui partait, emportant sa demi-lune sur son dos. Il cria, il hurla comme une bête féroce. Il voulut poursuivre le voleur ; mais hélas ! il n’avait plus ses bottes de sept lieues.

Quand Allanic arriva à Paris avec sa demi-lune, il l’arbora aussitôt sur la plus haute tour du palais du roi, et la ville entière, tout à l’heure plongée dans l’obscurité, se trouva soudain éclairée comme en plein jour. Les habitants se levaient et accouraient vers le palais, d’où venait la lumière, et voyant que leur roi avait retrouvé sa demi-lune, ils en étaient tout heureux. Le roi lui-même ne se tenait pas de joie. Il fit commander un grand festin auquel furent invités les princes, les princesses, les généraux, tous les grands du royaume, et il leur présenta Allanic comme le conquérant de la demi-lune et leur ordonna de l’honorer et de le considérer comme son meilleur ami. Les fêtes et les réjouissances durèrent quinze jours entiers dans toute la ville.

Quand il eut admiré sa demi-lune pendant trois mois, le vieux roi se mit à regretter plus que jamais sa cage d’or, et chaque jour sa joie se dissipait, et il devenait de plus en plus triste. Allanic le remarqua, comme tout le monde, et il se dit à part lui :

— Cela va mal ; le roi ne se consolera jamais de la perte de sa cage d’or et un de ces jours il m’ordonnera, je le crains bien, d’aller la lui chercher.