Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/70

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lendemain matin, son parrain célébra à son intention une messe à laquelle l’enfant assista aussi, puis il l’envoya, je ne sais sous quel prétexte, sur la route, à l’endroit où le marché fatal avait été conclu et où il devait être livré, le jour où ses douze ans seraient accomplis. Mais il lui recommanda de ne pas oublier d’entrer dans une chapelle dédiée à la Vierge, qui se trouvait sur le bord de la route, pour prier sa marraine de le protéger dans le danger. Pipi partit sans se douter de rien. Arrivé près de la chapelle de la Vierge, il y entra et fit sa prière à sa marraine, à deux genoux sur les dalles froides. En se relevant, il fut bien étonné de voir les larmes qui coulaient le long des joues de la mère de Dieu.

— Comment, ma bonne marraine, lui dit-il, est-ce donc moi qui vous cause de la peine, pour vous faire pleurer ainsi ? Je ne passe jamais devant aucune de vos saintes maisons sans vous faire ma visite, vous le savez bien, et si j’ai manqué en quelque chose, je vous serais obligé de vouloir bien me le faire savoir.

— Hélas ! mon pauvre enfant, tu ne connais pas le danger qui te menace en ce moment, et tu ignores où tu vas.

— Mon parrain m’envoie lui faire une commission.

— Tu vas te livrer au Diable, mon pauvre enfant !

— Jésus, mon Dieu, que dites-vous, ma marraine ?

— Hélas ! tu lui appartiens par un marché fatal qui a été conclu par ton père, avant ta naissance.