Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/71

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Mais ta marraine que tu as toujours aimée et honorée, ne t’abandonnera pas dans le danger. Prends ce petit livre et ne t’en sépare jamais, et pendant que tu l’auras sur toi, n’aie aucune crainte, sois tranquille, car rien ne pourra te faire du mal en aucune façon. Quand tu arriveras à l’endroit où t’envoie ton parrain, tu verras là un seigneur inconnu, avec deux chevaux. C’est le Diable qui t’atttend, pour t’emmener dans l’enfer. Il te priera de monter sur un de ses chevaux ; mais garde-toi bien d’obéir ; dis lui que s’il veut que tu l’accompagnes, il faudra qu’il te porte lui-même. Il te dira alors de monter sur son dos. Tu le feras ; mais, par la vertu de mon petit livre, tu lui seras si lourd, si lourd, qu’il s’enfoncera dans la terre jusqu’aux genoux. Il se débarrassera alors de toi et te jettera en l’air ; mais tu retomberas à terre, sans aucun mal, toujours par la vertu de mon petit livre. Il te reprendra une seconde fois sur son dos, et s’enfoncera encore dans la terre, jusqu’à la ceinture : il te rejettera en l’air, bien plus haut ; mais tu retomberas comme la première fois, sans mal. Il tentera un troisième essai, et, cette fois, il s’enfoncera en terre jusqu’au cou. Se voyant contraint de renoncer à toi, par un pouvoir supérieur au sien, il appellera sur ta tête mille malédictions et te jettera encore en l’air, mais si haut, si haut, cette fois, que tu iras tomber dans un bois, à plusieurs lieues de là. Alors tu seras sauvé du Diable : Mais garde toujours précieusement mon petit livre, car tu en auras encore besoin.

Pipi prit le petit livre des mains de sa marraine,