Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/73

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table, et, renonçant à sa conquête, il rejeta Pipi en l’air, si haut, si haut, qu’on ne le voyait plus. Il alla retomber à plusieurs lieues de là, au milieu d’un grand bois. Il retomba sur ses pieds, comme un chat, sain et sauf, et se mit à se promener dans le bois. Il arriva auprès d’une fontaine. L’eau était si limpide et si belle, qu’il ne put résister à la tentation d’en boire. Aussitôt il s’endormit sur la mousse, au murmure du ruisseau, pressant son petit livre sur son cœur. Une jeune demoiselle, qui se promenait seule dans le bois, vint à passer par là en ce moment. Elle vit Pipi, dormant profondément, et serrant de sa main droite son petit livre sur son cœur. Ce petit livre excita sa curiosité, et s’approchant tout doucement du dormeur, elle parvint à le lui enlever, sans qu’il se réveillât, puis elle s’enfuit en l’emportant.

Quand le pauvre Pipi se réveilla, son premier soin fut de s’assurer s’il avait encore son petit livre. Hélas ! il avait disparu ! Le voilà désolé, et de le chercher partout dans le bois. Mais il chercha en vain, vous le pensez bien. Il finit par se trouver dans une belle avenue de grands chênes, et, en suivant cette avenue, il arriva à la porte d’un vieux château. La porte était ouverte, et il entra et se trouva dans une vaste cour, où il ne vit personne. Il entra dans une salle dont la porte était également ouverte, et là, il vit une belle demoiselle lisant fort attentivement un livre, qu’il reconnut tout de suite pour être le sien.

— Bonjour, belle demoiselle, lui dit-il.

— Bonjour, répondit-elle,