Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/131

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donné, un fort bel enfant. Ils l’emportèrent. Une vieille femme, qui n’avait pas d’enfant, se chargea de lui, et l’éleva comme s’il eût été son propre fils.

L’enfant venait bien. A quinze ans, c’était déjà un gars vigoureux et de bonne mine. Il voulut voyager. La vieille eut beau le sermonner et le supplier de ne pas la quitter, il fallut le laisser partir. Elle lui donna quelque peu d’argent, et il prit la route de Paris.

En arrivant a Paris, il alla tout droit demander lu travail au palais du Roi. On le reçut, parce qu’il était un garçon de bonne mine, et même un joli garçon. Il ne fut pas longtemps sans être remarqué du Roi, qui le prit en affection. Si bien que les autres valets devinrent jaloux de lui, et cherchèrent les moyens de le perdre.

Un jour, qu’ils causaient entre eux de leurs affaires, quelqu’un dit :

— Je voudrais bien savoir ce qui est cause que le Soleil est si rouge, quand il se lève, le matin.

— Ce n’est pas aisé à savoir cela, répondirent les autres.

— Si nous disions au Roi que Trégont-à-Baris (on lui avait donné, je ne sais pourquoi, ce nom, qui signifie Trente-de-Paris) s’est vanté d’être capable d’aller demander au Soleil pourquoi il est si rouge, quand il se levé, le matin ?