Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/135

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pour franchir le bras de mer. Il te demandera où tu vas ; mais, ne le lui dis pas, et, en revenant, ne lui dis pas encore où tu auras été, jusqu’à ce qu’il t’ait déposé de ce côté de l’eau.

Ils continuèrent leur route, et arrivèrent bientôt au bras de mer. Trégont-à-Baris mit sa cavale au pâturage, dans un pré qui se trouvait là, et s’avança vers le passeur, qu’il aperçut sur sa barque.

— Si je ne suis pas indiscret, où allez-vous ainsi, seigneur ? lui demanda celui-ci, pendant qu’il lui faisait passer l’eau.

— Passez-moi toujours, et, au retour, je vous dirai où j’aurai été.

Le voilà de l’autre côté. Alors, il aperçut devant lui le château du Soleil, la plus belle merveille qu’eussent jamais contemplée ses yeux. Il s’en approcha, pour entrer. Le Soleil allait se lever, et, en le voyant venir, il lui cria :

— Éloigne-toi ! Éloigne-toi, vite, ou je vais te brûler ! Qu’es-tu venu faire ici ?

— Je suis venu, Monseigneur le Soleil, vous demander pourquoi vous êtes si rouge, quand vous vous levez, le matin.

— Je te le dirai. C’est qu’en ce moment, je passe sur le château de la Princesse au Château d’Or. Pars vite, maintenant, pour que je me lève. Va-t’en, ou je te brûlerai.

— Il faut que vous me disiez encore, aupara-