Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/218

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Quand le vieux magicien se réveilla, il appela sa fille, comme il en avait l’habitude. Mais, il eut beau l’appeler, sa fille ne lui répondait pas. Il se leva alors, en colère ; il consulta ses livres, et y vit que la princesse et sa suivante avaient quitté le château avec un aventurier. Il courut à rie, monta sur son dromadaire, qui faisait sept lieues à l’heure, et se mit à leur poursuite.

Cependant l’aigle, trop chargé, commençait à s’affaiblir, et il n’allait plus aussi vite. La princesse était inquiète, et elle détournait souvent la tête, pour voir si son père approchait. Elle le vit venir, furieux, et, comme l’aigle passait en ce moment au-dessus d’un fleuve, elle dit :

— Je vais jeter un peu de mon onguent dans le fleuve, et aussitôt l’eau s’enflera et débordera comme la mer, et mon père ne pourra pas aller plus loin.

Elle jeta un peu de son onguent dans le fleuve, et aussitôt l’eau se gonfla, comme du lait sur le feu ; elle déborda au loin, et voilà le vieux magicien arrêté et ne pouvant aller plus loin. Il écumait de rage. Mais, que faire ? Il se mit à boire de l’eau, dans l’espoir de dessécher le lit du fleuve. Il en but tant et tant, qu’il en creva.

Cependant, l’aigle avait épuisé toute la provision de viande, et il faiblissait et menaçait de jeter à bas Cado et ses deux compagnes.