Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/219

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— Donne-moi à manger ! criait-il à Cado.

— Il n’y a plus rien, ma pauvre bête, lui répondait celui-ci, mais, prends courage, nous approchons

— Donne-moi à manger, ou je vous laisse tomber à terre.

Et Cado coupa une de ses fesses, et la donna à l’aigle.

— C’est bon, dit-il, mais, c’est bien peu de chose.

Et, un instant après, il disait encore :

— Donne-moi à manger, je n’en puis plus.

— Je n’ai plus rien, ma pauvre bête. Du courage ! encore quelques coups d’ailes et nous sommes rendus.

— Donne-moi à manger, te dis-je, ou je vous jette à bas.

Et Cado coupa son autre fesse, et la donna à l’aigle. Puis, il coupa, l’un après l’autre, ses deux mollets, et les lui donna également.

Enfin, ils arrivèrent ainsi à la cabane de l'ermite. Il était grand temps ! car le pauvre aigle n’en pouvait plus, et Cado lui-même était si faible, si faible, qu’il paraissait sur le point de mourir. Mais, dès qu’ils touchèrent la terre, la princesse le frictionna avec des herbes qu’elle cueillit dans le bois où ils descendirent, et aussitôt ses fesses, ses mollets et ses forces lui revinrent.