Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/223

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folie et paraissait jouir de toute la plénitude et la liberté de son intelligence ; ce n’est que lorsqu’on lui parlait de son voyage et de la princesse Blondine qu’il ne comprenait rien ; et, pourtant, il en avait un souvenir vague et confus, comme d’un rêve que l’on cherche à se rappeler et qui reste toujours enveloppé de nuages et de brouillards.

Les trois frères allaient chasser au bois, comme devant, et Cado était toujours le plus habile tireur et abattait à lui seul autant de gibier que les deux autres ensemble. Un jour, ils pénétrèrent plus avant dans les bois que de coutume, et ils se trouvèrent devant le château que la princesse Blondine s’y était bâti, par son art magique ; car elle était aussi magicienne. Grand fut leur étonnement de voir un si beau château, et ils restèrent longtemps à le contempler, en silence.

— Quel beau château ! se disaient-ils. Mais, comment se trouve-t-il là ? Nous avons passé par ici, maintes fois, et nous n’avions rien vu de pareil, jusqu’aujourd’hui. Et qui peut habiter là-dedans ? Quelque magicien, peut-être ?

Enfin, après avoir longtemps admiré le château merveilleux, ils se résolurent à chercher à y pénétrer, sous prétexte de demander du lait ou du cidre à boire, ou de demander leur chemin, comme des gens égarés. Ils frappèrent à la porte,