Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/256

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Et ils l’écartelèrent ; puis, ils partirent, en riant bruyamment.

Aussitôt la chèvre arriva encore dans la chambre, cette fois, elle était femme jusqu’à la ceinture.

— Ah ! pauvre garçon, dit-elle, dans quel état je te retrouve !

Elle rapprocha les morceaux les uns des autres, et se mit à les frotter avec son onguent.

Et peu à peu, les morceaux se rejoignaient, le corps se reconstituait, et bientôt il se retrouva complet et plein de vie.

— La troisième nuit, lui dit alors la femme-chèvre, sera la plus terrible. Mais, armez-vous de courage, et, si vous la passez aussi heureusement que les deux autres, vos peines seront finies, et les miennes aussi, ainsi que celles de tous ceux qui sont retenus ici avec moi.

— Je ne pense pas qu’il puisse m’arriver pis que d’être tué, comme je l’ai été déjà, deux fois, répondit Fanch.

La troisième nuit, pour abréger, il se rendit encore à la même chambre, après souper, et se cacha, cette fois, sous le lit.

Vers minuit, arrivèrent les mêmes personnages ; et ils se remirent à jouer.

— Je sens encore l’odeur de chrétien ! dit soudain une voix. Est-ce que ce ver de terre ne serait pas encore mort ?