Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/264

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— Mille bénédictions, grand’mère, dit Fanch, en prenant la serviette et la baguette.

Et la petite vieille disparut alors.

— Est-ce que ce serait vrai, ce qu’elle m’a dit ? se demanda Fanch, quand elle fut partie.

Et il frappa un coup à terre de sa baguette, et aussitôt il fut transporté à cent lieues de l’endroit où il se trouvait. Et il vit une petite hutte couverte de joncs des marais et de fougères. Un laboureur était à travailler dans un champ voisin, et il lui demanda d’échanger ses habits contre les siens. Le laboureur s’empressa d’accepter, car ses habits étaient tout en lambeaux, et ceux de Fanch étaient ceux d’un prince. Ainsi déguisé, Fanch alla frapper à la porte de la hutte. Une vieille femme, aux dents longues comme le bras, vint lui ouvrir.

— Que demandez-vous, mon fils ? lui dit-elle.

— Asile, pour la nuit, grand’mère.

— Hélas ! vous êtes mal tombé, ici ; moi, j’ai trois fils qui n’aiment pas les chrétiens, et, quand ils arriveront, tantôt, ils vous mangeraient, certainement.

— Cachez-moi, quelque part, grand’mère ; je vous aiderai à faire votre ménage, et je saurai me faire bien venir de vos fils.

Elle le cacha dans un vieux coffre, au bas de la maison. La vieille préparait le dîner de ses fils.