Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/274

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Il y avait en ce temps-là, dans les montagnes de Scrignac[1], un berger renommé dans tout le pays comme devin et un peu sorcier, et on venait le trouver de fort loin. Son nom était Gorvel. Il entendit les bannies, un jour de marche, à Morlaix, et se mit aussitôt en route vers le Poitou.

Arrivé au château du comte, on lui fit voir l’enfant. Il demanda un demi-verre d’eau et un demi verre de vin. Il mélangea les deux liquides, observa la manière dont se comporta le mélange et dit ensuite que l’enfant, à l’âge de douze ans, serait enlevée par le magicien Ferragio et délivrée par un de ses proches parents. Il prédit encore que, au bout d’un an, la comtesse donnerait le jour à un fils ; puis il ajouta que, si, les temps étant révolus, ses prédictions ne s’accomplissaient pas, il consentait à être mis à mort.

Le comte pria Gorvel de rester près de lui, et fit aussi venir sa femme et ses enfants.

La comtesse accoucha d’un fils, comme il l’avait prédit. Il fut nommé Hervé.

Aussitôt né, l’enfant fut confié à une nourrice, laquelle quitta avec lui le château, pendant quelque temps.

Cependant Marguerite approchait de ses douze

  1. Commune de l’arrondissement de Morlaix.