Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, en pleurant de joie.

Ils passèrent la nuit à se raconter leurs peines et leurs voyages, et à comploter leur fuite de ce château.

Les solennités et les festins des noces duraient toujours, et la nouvelle mariée n’avait pas encore dormi avec son mari.

Le prince fit habiller sa femme en princesse, la présenta à la société comme une parente à lui, et, à l’heure du repas, il la plaça à sa droite, à table. Au dessert, tout le monde était un peu gai, et l’on riait et l’on plaisantait. Le prince se leva alors et dit :

— Mon beau-père, je veux connaître votre avis sur un cas embarrassant.

— Qu’est-ce que c’est ? Parlez, dit le vieillard.

— J’avais un gentil petit coffret, qui faisait mon bonheur, et qui fermait avec une clef d’or. Un jour, je perdis la clef, et j’en fis faire une nouvelle. Mais, quelque temps après, je retrouvai ma première clef, de sorte que j’en ai deux, à présent, presque aussi gentilles l’une que l’autre. A laquelle des deux dois-je donner la préférence, à l’ancienne ou à la nouvelle ?

— Respectons toujours les anciens et les anciennes choses, répondit le vieillard.