Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/355

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Le roi retourna encore chez lui, accablé de douleur et se croyant perdu.

Il fit appeler dans sa chambre Cendrillon, qui, comme d'ordinaire, était à la cuisine, avec les domestiques, et lui dit:

— Je veux vous marier, mon enfant.

— Je suis à vos ordres, mon père, répondit la jeune fille, étonnée.

— Oui, vous marier à un loup.

— A un loup, mon père!... s'écria-t-elle, tout effrayée.

— Oui, mon enfant chérie, car voici ce qui m'est arrivé : le jour où je me suis égaré dans la forêt, j'ai passé la nuit dans un vieux château où je n'ai trouvé pour habitants que deux énormes loups, dont l'un, un loup gris, m'a dit qu'il lui faudrait avoir une de mes filles pour femme, sinon il n'y avait que la mort pour moi, et que de plus il mettrait tout mon royaume à feu et à sang. J'en ai déjà parlé à vos deux sœurs aînées, et toutes les deux elles m'ont répondu que, quoi qu'il dût arriver, elles ne consentiraient jamais à prendre un loup pour mari. Je n'ai donc plus d'espoir qu'en vous, ma fille chérie.

— Eh bien! mon père, répondit Cendrillon, sans hésiter, dites au loup que je le prendrai pour mari.

Le lendemain, le roi retourna, pour la troi-