Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/361

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— En quelque lieu que vous alliez, je vous suivrai, fût-ce jusqu’au bout du monde !

— Ne me suivez pas ! lui cria-t-il. Mais, elle ne l’écoutait pas, et se mit à courir après lui.

Il lui jeta une boule d’or, pour l’attarder, pendant qu’elle la ramasserait. Cendrillon ramassa la boule d’or, la mit dans sa poche et continua sa poursuite. Son mari laissa tomber une seconde boule d’or, puis une troisième, qu’elle ramassa également, sans cesser de courir. Elle courait mieux que lui, et, la sentant sur ses talons, il se détourna et lui envoya un coup de poing en pleine figure. Le sang coula en abondance, et trois gouttes en jaillirent sur la chemise blanche du prince, qui reprit sa course, de plus belle. Hélas ! la pauvre Cendrillon ne pouvait plus le suivre, ce que voyant, elle lui cria :

— Je souhaite que personne ne puisse effacer ces trois gouttes de sang sur votre chemise, jusqu’à ce que j’arrive pour les enlever moi-même !

Le prince continua sa course, et Cendrillon, qui s’était assise au bord du chemin, dit, quand son nez eut cessé de saigner :

— Je ne cesserai de marcher, ni de jour ni de nuit, que lorsque je l’aurai retrouvé, dussé-je aller jusqu’au bout du monde !