Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/386

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— Non, ne me suis pas ; reste ici.

Et il partit, en courant. Et elle de courir lui.

— Reste là, te dis-je.

— Je ne resterai pas. je te suivrai !

Et il courait toujours. Mais, il avait beau courir, elle était sur ses talons. Il jeta alors une boule d’or derrière lui. Sa femme la ramassa, la mit dans sa poche, et continua de courir.

— Retourne à la maison ! retourne à la maison ! lui cria-t-il encore.

— Je n’y retournerai jamais sans toi !

Il jeta une seconde boule d’or. Elle la ramassa, comme la première, et la mit dans sa poche. Puis, une troisième boule. Mais, en la voyant toujours sur ses talons, il entra en colère, et lui donna un coup de poing en pleine figure. Le sang jaillit aussitôt, et sa chemise en reçut trois gouttes qui y firent trois taches.

Alors, la pauvre femme resta en arrière, et bientôt elle perdit de vue le fugitif ; mais, elle lui cria :

— Puissent ces trois taches de sang ne jamais disparaître avant que j’arrive pour les effacer.

Elle continua, malgré tout, sa poursuite. Elle entra dans un grand bois. Peu après, en suivant un sentier, sous les arbres, elle vit deux énormes lions, assis sur leur derrière, un de chaque côté du sentier. Elle en fut tout effrayée.